Le ciel des Amérindiens

Les étoiles faisaient partie intégrante de leur vie

Les Amérindiens du Canada avaient, avant l'arrivée des Européens, une conception très imagée du ciel étoilé. Pour plusieurs peuplades, tout ce qui se trouvait dans la nature était vivant, y compris les objets célestes comme la Lune, le Soleil et les étoiles.

Chez les Amérindiens, la Terre est plate et les objets célestes tournent autour. Les planètes du système solaire ne sont pas considérées comme des planètes, mais comme de grosses étoiles plus brillantes que les autres. Quant au Soleil et aux étoiles, ils sont simplement vus comme des lumières qui se déplacent sur la voûte céleste, qui est solide. Cependant, pour la plupart des sociétés amérindiennes, chaque étoile est un être sacré puissant, un esprit.

L'étoile polaire, qui est toujours fixe dans le ciel, était connue des premières nations. Comme cet astre se trouve aligné sur le Pôle Nord, les Amérindiens l'utilisaient fréquemment pour s'orienter lors de leurs voyages. Les Iroquois orientaient même leurs maisons longues selon les quatre points cardinaux de façon à ce que le Soleil se lève vis-à-vis la porte d'entrée et se couche vis-à-vis celle de la sortie.

Plusieurs étoiles étaient regroupées en constellations, la plupart étant associées à un mythe dans lequel l'histoire servait à transmettre un enseignement aux plus jeunes. Quelques constellations, comme les Pléiades ou la Grande Ourse par exemple, étaient même utilisées pour marquer les saisons. C'est le cas de cette légende Mi'kmaq du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse :

Un jour de printemps, Mère Ourse se réveilla après avoir hiberné tout l'hiver. Ayant très faim, elle se mit immédiatement en marche dans le but de trouver de la nourriture. Petit Poussin, qui avait aussi très faim, l'aperçut et décida de la chasser. Étant trop petit pour chasser seul, il fit venir six de ses amis pour l'aider.

Après avoir chassé tout le printemps et l'été, les chasseurs les plus lents et les plus lourds, en commençant par les deux hiboux, volèrent de plus en plus bas et perdirent éventuellement la piste de Mère Ourse. Geai Bleu et Pigeon furent les deux prochains chasseurs à abandonner.

Au milieu de l'automne, Petit Poussin, Rouge-Gorge et Geai Gris rattrapèrent Mère Ourse. N'ayant plus le choix, elle se retourna et combattit. Rouge-Gorge décocha une flèche et blessa Mère Ourse. Il sauta ensuite sur elle et la tua. Étant complètement taché de sang, il se secoua près des arbres de la forêt qui prirent alors la couleur rouge. C'est d'ailleurs pour cette raison que désormais, à chaque fois que l'automne arrive, les feuilles des arbres se colorent d'un rouge vif. Malgré tous ses efforts, Rouge-Gorge fut incapable d'enlever tout le sang qui maculait sa poitrine et depuis ce temps, celle-ci arbore cette couleur.

Dessin d'un oiseau sur fond beige chassant un ours à l'aide d'un arc

Les trois amis mangèrent ensuite Mère Ourse et laissèrent son squelette sur place. Pendant l'hiver, l'esprit de Mère Ourse quitte le ciel et vient de nouveau habiter une ourse qui dort. La même ourse se réveille alors au printemps et la chasse de Petit Poussin et ses amis recommence jusqu'à ce que Mère Ourse soit tuée de la même façon. Depuis, l'histoire se répète ainsi d'année en année.

Cette légende montre comment la position de la Grande Ourse dans le ciel pouvait servir à marquer le début de l'automne. Au Canada, les sociétés amérindiennes utilisaient un calendrier lunaire comptant 10 mois, avec 30 jours à chaque mois. On sait que pour les Amérindiens de l'est du Québec, l'année commençait l'automne. Cependant, aucune information n'est disponible quant à la façon dont ils pouvaient en déterminer le début exact, leur connaissance du moment des équinoxes et des solstices semblant inexistante avant l'arrivée des premiers Européens.

Légendes amérindiennes

Des histoires célestes qui font rêver

L'étoile polaire, qui est toujours fixe dans le ciel, était connue des Amérindiens. Voici une légende qui explique pourquoi il en est ainsi. Elle provient des Pieds-Noirs de l'Alberta :

Dessin d'un Amérindien sur fond bleu s'envolant dans le ciel en tenant une Amérindienne par la main

Deux soeurs qui dormaient à la belle étoile se réveillèrent avant l'aube en regardant le ciel. L'une d'elle, pointant vers l'Étoile du Matin (Vénus), dit : « Je trouve cette étoile si belle que je la prendrais pour mari ».

Quelques jours plus tard, la même jeune femme rencontra un bel étranger dans la forêt alors qu'elle transportait du bois. Voyant qu'il la regardait, elle lui demanda : « Que me veux-tu? »

« Je suis Étoile du Matin. Tu me voulais comme mari alors me voilà », dit le jeune homme. Puis il lui mit une plume dans les cheveux et lui demanda de fermer ses yeux. Ils s'envolèrent ensuite dans le ciel jusqu'au Pays Céleste.

Les parents d'Étoile du Matin, Lune et Soleil, accueillirent la jeune femme avec joie. Lune lui donna même en cadeau une belle bêche pour déterrer des racines. « Tu pourras ainsi cueillir des légumes dans notre jardin. Cependant, tu ne dois pas toucher au navet sacré, sans quoi il nous arrivera malheur. »

Le temps passa et la jeune femme finit par donner naissance à un bébé. Un jour qu'elle était à l'extérieur avec l'enfant, elle se décida à déterrer le navet sacré. À sa grande surprise, elle constata qu'elle pouvait voir sa tribu et son ancien campement par le trou laissé par le navet.

Lorsqu'Étoile du Matin sut ce qu'elle avait fait, il lui dit : « Tu dois maintenant retourner chez les tiens avec l'enfant. Mais attention, celui-ci ne doit pas toucher le sol durant les 14 prochains jours, sans quoi il reviendra à moi et deviendra une étoile. »

Malheureusement, ce qui ne devait pas arriver arriva, et l'enfant retourna au Pays Céleste par le trou laissé par le navet sacré où il resta coincé. C'est pourquoi, encore aujourd'hui, cette étoile est toujours fixe dans le ciel.

Certaines sociétés amérindiennes ont des légendes qui font référence aux mêmes constellations. En voici deux qui se rapportent aux Pléiades. La première provient des Iroquois de l'Ontario :

Il y a plusieurs années, une tribu iroquoise se mit en marche vers ses terrains de chasse hivernaux situés près d'un grand lac dans le sud-est du Canada. Une fois arrivé, chacun s'empressa d'établir le campement et se mit à remplir ses tâches.

Huit enfants, fatigués d'aider leurs parents, prirent l'habitude de se réunir chaque jour à l'écart pour y danser pendant des heures. Un jour, un vieil homme couvert de la tête aux pieds d'un manteau de plumes blanches brillantes apparut et leur dit : « Si vous n'arrêtez pas, il vous arrivera malheur. »

Les enfants ne l'écoutèrent pas et continuèrent à faire des pauses de plus en plus longues où ils ne cessaient de danser. Jour après jour, le vieil homme vint les avertir jusqu'à ce qu'un soir, les enfants se mirent subitement à s'élever dans les airs. D'abord effrayés, ils prirent goût à la chose et poursuivirent leur danse mais rapidement, ils prirent conscience qu'en arrêtant, ils tomberaient vers le sol.

Le vieil homme secoua la tête et pensa: « Si seulement ils m'avaient écouté ». Peu de temps après, les gens du village s'aperçurent que les enfants flottaient très haut dans le ciel. Un des enfants reconnut la voix de son père et cessa de danser, mais tomba comme une étoile filante vers le sol. Depuis ce temps, les sept autres enfants dansent dans le ciel sans pouvoir s'arrêter.

La seconde légende qui fait allusion aux Pléiades provient des Assiniboins de Saskatchewan :

Sept frères vivant seuls dans les Plaines du Nord passaient leur existence à rechercher leurs parents. Toujours en déplacement, ils devaient continuellement trouver de la nourriture et un nouvel abri pour dormir. Fatigué d'une telle vie misérable, le plus jeune d'entre eux, qui jouait avec une toile d'araignée, dit : « Pourquoi ne pas nous transformer en quelque chose d'autre? Nous pourrions être plus heureux ainsi. »

« C'est une bonne idée, mais en quoi devrions-nous nous changer? », se dirent-ils.

« Pourquoi ne pas se transformer en rochers? », dit l'un d'eux. « Ne soit pas stupide », dit un autre. « Les rochers peuvent se briser. »

« Les arbres ne se brisent pas, ils plient avec le vent » ajouta un des frères. « Même les grands arbres sont emportés par le vent et les tempêtes », rétorqua un autre.

L'après-midi s'écoula ainsi sans que les sept frères ne retiennent une solution, puis la nuit s'installa.

Dessin d'Amérindiens sur fond bleu dansant dans un ciel étoilé

« Pourquoi ne pas prendre la forme de la nuit? La nuit n'est jamais détruite! », dit un des frères. « La nuit a peur de la lumière et fuit lorsque le jour arrive », dit un autre.

« Alors pourquoi ne pas se transformer en étoiles? », dit le plus sage des frères. « Elles habitent le ciel et ne meurent jamais. »

Les sept frères trouvèrent qu'il s'agissait là de la meilleure idée. Le plus jeune des frères disposa alors chacun de ses frères dans le ciel à l'aide de la toile d'araignée. Il en plaça trois à sa droite et trois à sa gauche, puis il prit place au milieu. Ils y sont tous encore aujourd'hui.

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